Seconde histoire. L'Ancien Régime, une société d'ordres.
L'Ancien Régime, une société d'ordres.
Privilège = loi privative c'est-à-dire une loi faite pour un groupe restreint de personnes.
Sous l'Ancien Régime il n'y a pas de lois communes, il n'y a que des lois particulières héritées du passé, souvent du Moyen-Age (et quand ce n'est pas du Moyen-Age, on essaie de faire croire que c'est aussi ancien, ça fait plus chic). C'est ainsi une sorte de Moyen-Age continué, avec un mille-feuilles de droits hérités dont certains ne veulent plus dire grand chose.
Exemple : la constitution provençale.
Les principaux privilèges sont ceux attachés aux personnes. 3 ordres : clergé (1% de la population), noblesse (2%), et tiers état (97 %).
• Clergé et noblesse sont les ordres privilégiés :
— Ne paient pas la taille impôt royal (payer l'impôt = travailler. Or le clergé prie et la noblesse combat puisqu'elle est censée descendre de la chevalerie).
— Tribunaux réservés.
— Emplois réservés dans l'administration et l'armée.
— Privilèges honorifiques (porter l'épée, droit de chasse...) : la noblesse y tient beaucoup puisqu'ils déterminent qu'on est noble.
1. Le clergé
Le clergé réunit les clercs, les hommes et les femmes consacrés à l'Eglise (attention ! en France l'Eglise catholique uniquement, seule reconnue).
Les tâches du clergé sont plus étendue que celle d'une Eglise aujourd'hui. Ce sont en quelque sorte des missions de service public.
• L'Eglise lève un impôt, la dîme, et possède de nombreux biens. Le clergé s'occupe :
— Du Salut des fidèles : messe, confessions, sacrements.
— Des registres paroissiaux (enregistrement des baptêmes, mariages et enterrements).
— De l'hôpital (prise en charge des pauvres).
— D'enseignement (depuis l'école paroissiale jusqu'aux prestigieux collèges des jésuites. Les couvents pour l'éducation des filles de la bonne société).
• Un ordre divers :
— Haut clergé (évêques et abbés des monastères) nommés par le roi, issus de la noblesse et qui touchent de larges revenus.
— Bas clergé (curés, moines et moniales) issus de la petite bourgeoisie et qui touche des revenus plus modestes.
Un membre du haut clergé : Monseigneur de Boisgelin de Cucé (1732-1804) Archevêque d’Aix au début de la Révolution

Vieille famille noble bretonne.
Son frère est admis à la cour en 1758.
1770 Archevêque d’Aix.
1772, 1774, 1779 Obtient les bénéfices (= les revenus) de 3 grosses abbayes.
Total : 246 000 livres de bénéfices.
(rappel : le salaire minimum du curé, la portion congrue, est de 700 livres par an)
Réside quelques mois par an à Aix où il est un évêque sérieux. Le reste du temps il est à Paris et à Versailles où il fréquente les écrivains et les philosophes et vit dans le luxe.
2. La noblesse
La noblesse est censée descendre de la chevalerie du Moyen Age. Outre que les rois ont domestiqué la noblesse en la mettant à leur service (voir la révolution des mœurs), beaucoup de nobles sont en fait de noblesse récente, surtout dans les villes de parlement comme Aix, capitale de la Provence. Les charges anoblissantes servent de "savonnette à vilain" (un vilain est un paysan). On distingue ainsi la noblesse d'épée de la noblesse de robe.
On peut aussi tricher sur ses origines comme Gaspard de Gueydan dont le portrait est en tête de cette leçon. Regardez les vidéo pour savoir comment.
Deux familles de la noblesse provençale.
Famille Bruny de la Tour D'Aigues et hôtel de Caumont.
• D'où vient la richesse initiale des Bruny ?
• Trouver le nom de ceux qui deviennent nobles, de celui qui achète les signes de la noblesse (château et hôtel) et enfin de ceux qui ont un mode vie noble.
Pierre Maurel de Pontevès et hôtel d'Espagnet


Dans le texte, retracer la carrière et l'ascension sociale de Pierre Maurel, devenu Maurel de Pontevès :
• Sa profession et son ordre d'origine.
• Comment il devient noble et comment il entre dans la vieille noblesse avec fief.
• Comment il a un un titre et comment il marque son statut social dans la ville.
Critique du fonctionnement de la noblesse à la cour.
Un hiver de Versailles était plus utile que dix campagnes de guerre. Le gentilhomme qui avait de la tournure, c’est-à-dire de la fatuité et de l’audace1 rampait à la cour devant les ducs et les commis2, il en revenait corrompu et colonel. De là vient cette choquante multiplicité des emplois supérieurs du militaire français qui ont avili tous les grades et surcharge l’almanach royal et le tableau des pensions3 d’une foule d’êtres inutiles qu’il devient conséquent de payer en raison des dignités dont on les a honorés.
Dumouriez, Galerie des aristocrates militaires, 1790
Dumouriez est un officier de l’armée issu de la noblesse provençale.
1 Les manières du courtisan : prétentieux et prêt à tout. Un gentilhomme est un noble.
2 Les ducs sont la plus haute noblesse, celle de la famille royale. Les commis sont les ministres.
3 L’almanach royal est son emploi du temps et les pensions sont les revenus donnés par le roi.
Selon l’auteur, comment devient-on haut gradé dans l’armée d’Ancien Régime et que veut-il dire par « un hiver à Versailles » ?
Quels problèmes cela pose-t-il pour le fonctionnement de l’Etat (= pour fonctionnement de l'armée et pour les finances du roi) ?
Le 2e ordre, la noblesse, n'existe que par l'apparence de sa noblesse : tenir son rang coûte très cher. Beaucoup de nobles sont endettés : ils demandent encore plus de privilèges et tentent de faire payer encore plus d'impôts à leurs paysans. C'est la réaction nobiliaire.
3. Le tiers-état
Le tiers-état (ou tiers ou 1/3) est très divers depuis les bourgeois qui peuvent être très riches jusqu'aux paysans pauvres, au petit peuple des villes et aux indigents.
Attention : le mot bourgeois sous l'Ancien Régime n'a pas le même sens qu'aujourd'hui. Un bourgeois est riche mais toujours du tiers-état. Un noble ou un clerc riches ne sont pas des bourgeois.
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