1e histoire. Commentaire de document : le début de la Révolution vu par un noble breton.
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Commentaire de document : le début de la Révolution vu par un noble breton
Fiche de travail téléchargeable ici.
François-René, vicomte de Chateaubriand (1768-1848) a écrit à partir de 1809 ses mémoires qui ont été publiées après sa mort sous le titre Mémoires d'outre−tombe. Royaliste, il fut ministre du roi Louis XVIII après 1815. Alors vieux, il veut défendre son camp, celui de la noblesse et lui donner le beau rôle ; il raconte alors les événements à sa manière. Il ne s'agit donc pas ici d'un témoignage de ce qui s'est passé mais d'un témoignage de la façon dont une partie de la noblesse les a vu puis réinterprétés 20 à 40 ans plus tard. Ce texte nous raconte surtout l'ambiance à Versailles et à Paris en juillet 1789.
La transformation qui se développait depuis deux cents ans touchait à son terme : la France était passée de la monarchie féodale [= régie selon les « fiefs », c’est-à-dire avec des seigneurs, comme au Moyen Age] à la monarchie absolue. Le dix-huitième siècle, siècle d'action intellectuelle, non d'action matérielle, n'aurait pas réussi à changer si promptement [= rapidement] les lois. Les parlements [= représentants de la noblesse] avaient leur cause à venger : la monarchie absolue leur avait ravi leur autorité [= leur avait enlevé tout leur pouvoir]. Les enregistrements forcés, les exils, les poussaient à demander des libertés [= libertés au pluriel = privilèges]. Ils réclamaient les Etats-Généraux, n'osant avouer qu'ils désiraient pour eux-mêmes la puissance législative et politique [= le droit de faire les lois donc le pouvoir : les parlementaires désiraient avoir les mêmes pouvoirs que le parlement en Angleterre ou le Congrès aux Etats-Unis].
Louis XVI rétablit les parlements qui le forcèrent à appeler les Etats-Généraux ; les Etats-Généraux, transformés en Assemblée nationale et bientôt en Convention, détruisirent le trône et les parlements, envoyèrent à la mort le monarque.
L'idée des Etats-Généraux était donc dans toutes les têtes, seulement on ne voyait pas où cela allait. Il était question, pour la foule, de combler un déficit [= il s’agit du déficit du budget du roi, donc de l’Etat] que le moindre banquier aujourd'hui se chargerait de faire disparaître. Un remède si violent, appliqué à un mal si léger, prouve qu'on était emporté vers des régions politiques inconnues.
Je n'arrivai à Paris qu'après l'ouverture des Etats-Généraux, la constitution du tiers-état en Assemblée nationale, le serment du Jeu-de-Paume, et la réunion du clergé́ et de la noblesse au tiers−état.
Le mouvement était grand sur ma route : dans les villages, les paysans arrêtaient les voitures, interrogeaient les voyageurs. Plus on approchait de la capitale, plus l'agitation croissait. En traversant Versailles, je vis des troupes casernées dans l'orangerie ; des trains d'artillerie parqués dans les cours [= des soldats qui attendent des ordres et qui stationnent à l’Orangerie, bâtiment annexe du château à Versailles, et des canons montés sur des roues dans les cours du château] ; la salle provisoire de l'Assemblée nationale élevée sur la place du palais, et des députés allant et venant parmi des curieux, des gens du château et des soldats.
A Paris, les rues étaient encombrées d'une foule qui stationnait à la porte des boulangers ; les passants discouraient au coin des bornes ; les marchands, sortis de leurs boutiques, écoutaient et racontaient des nouvelles devant leurs portes ; au Palais−Royal s'aggloméraient des agitateurs.
La cour tantôt cédant, tantôt voulant résister, mélange d'entêtement et de peur ne consent pas à éloigner des troupes. A Paris, le bruit se répand qu'une armée arrive par l'égout Montmartre, que des dragons vont forcer les barrières. On recommande de dépaver les rues, de monter les pavés au cinquième étage, pour les jeter sur les satellites du tyran [= les partisans du roi] : chacun se met à l'œuvre.
Sur la place Louis XV, le prince de Lambesc, à la tête de Royal-Allemand, refoule le peuple dans le jardin des Tuileries et blesse un vieillard : soudain trente mille fusils sont enlevés aux Invalides. On se pourvoit de piques, de bâtons, de fourches, de sabres, de pistolets. Dans une nuit, soixante mille citoyens sont organisés, armés, équipés en gardes nationales.
Le 14 juillet, prise de la Bastille. J'assistai, comme spectateur, à cet assaut contre quelques invalides et un timide gouverneur. Au milieu de ces meurtres on se livrait à des orgies, on promenait dans des fiacres les Vainqueurs de la Bastille, ivrognes heureux déclarés conquérants au cabaret ; des prostituées et des sans-culottes commençaient à régner, et leur faisaient escorte. Les passants se découvraient, avec le respect de la peur, devant ces héros.
- Présenter le document (l’auteur, qui il est, nature du document).
- Donner la date des évènements soulignés dans le texte.
- La convocation des Etats-Généraux : quelles sont, selon l’auteur, les causes lointaines et quelles sont les causes proches ? Quelle classe sociale, selon lui, en est responsable ? Connaissez-vous d’autres causes au déclenchement de la Révolution ?
- La Prise de la Bastille : quelles sont selon l’auteur les causes de cet évènement ?
- Quelle est l’opinion de l’auteur sur « les Vainqueurs de la Bastille » ? Développez en vous appuyant sur le texte (relevez le vocabulaire, faire des citations courtes avec des guillemets). Pourquoi a-t-il cette opinion ?
- Démontrez que cet évènement a une ampleur internationale.
- Commentez la dernière phrase du texte (en italiques).
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